Investissement responsable : Labels ISR, Greenfin et SFDR décryptés
- Horizon Conseil & Patrimoine
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Depuis plusieurs années, l’investissement responsable s’impose comme une réponse concrète aux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux de notre époque. Dans un contexte de prise de conscience collective, les acteurs économiques sont de plus en plus nombreux à repenser leurs pratiques d’investissement pour les aligner avec les valeurs du développement durable.
Parallèlement, les attentes des investisseurs évoluent. Particuliers comme institutionnels souhaitent donner davantage de sens à leur épargne, en soutenant des entreprises engagées dans la transition énergétique, la réduction des inégalités ou la gouvernance éthique. L’investissement responsable ne relève plus d’une niche, mais devient un levier stratégique pour concilier rendement, impact et durabilité.
En offrant des repères clairs aux investisseurs, les labels favorisent une meilleure compréhension du marché et garantissent la crédibilité des investissements responsables. Qu’il s’agisse du label ISR, du label Greenfin ou du règlement SFDR, chacun contribue à encadrer et légitimer la croissance de la finance durable.
I) Le label ISR : un repère pour un investissement responsable
A) Origine et objectifs du label ISR
Créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances, le label ISR (Investissement Socialement Responsable) a pour ambition de rendre l’investissement responsable plus lisible et accessible aux épargnants. Il s’adresse aux fonds qui intègrent dans leur gestion des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (appelé ESG), en complément de l’analyse financière traditionnelle.
Ce label public vise à encourager la transparence et à mettre en avant les acteurs financiers qui orientent leurs choix d’investissement vers des pratiques durables et responsables. Il s’agit à la fois d’un outil de repérage pour les investisseurs et d’un gage de crédibilité pour les sociétés de gestion engagées dans une démarche responsable.
B) Les critères d’évaluation et les six piliers du label
Les sociétés de gestion doivent démontrer qu’elles intègrent les critères ESG tout au long de leur stratégie d’investissement pour obtenir le label ISR. L’évaluation s’appuie sur un audit indépendant, structuré autour de six piliers :
La définition des objectifs ESG et leur intégration dans la politique d’investissement,
La méthodologie d’analyse et de notation des émetteurs selon les critères ESG,
La gestion du portefeuille, avec un suivi régulier de la performance extra-financière,
L’engagement des investisseurs, à travers le dialogue et le vote lors des assemblées,
La transparence de la gestion, qui garantit une information claire aux investisseurs,
La mesure des impacts positifs du fonds sur le développement d’une économie durable.
Le label ISR est accordé pour trois ans, sous réserve de contrôles périodiques. Cette exigence veille à ce que les fonds labellisés conservent une approche sérieuse et cohérente dans le temps.
C) ISR : quand performance rime avec responsabilité
Longtemps perçu comme moins rentable que la gestion traditionnelle, l’investissement responsable a démontré au fil des années qu’il pouvait allier performance et durabilité. Plusieurs études, dont celle citée par Coline PAVOT, Responsable de la Recherche Investissement Responsable à La Financière de l’Échiquier, démontrent que les entreprises affichant les meilleures notations ESG présentent à long terme une meilleure performance financière et une plus grande résilience face aux crises. Sur neuf ans (de 2010 à 2018), les portefeuilles les mieux notés en ESG ont enregistré une performance 2,3 fois supérieure et un ratio rendement/risque 1,7 fois plus élevé que ceux des entreprises les moins bien notées (les performances passées ne préjugent pas des performances futures).
Symbole d’une finance en mutation, le label ISR démontre qu’investir de manière responsable peut aussi être synonyme de performance. En soutenant les acteurs responsables, il favorise la transition vers une économie respectueuse des équilibres écologiques et humains.
II) Le label Greenfin : le standard de la finance verte
A) Un label exigeant né de la COP21
Créé en 2015 par le ministère de la Transition Écologique, à la suite de la COP21, le label Greenfin (anciennement appelé « Label Transition Énergétique et Écologique pour le Climat » ou TEEC) a pour vocation de diriger l’épargne vers le financement de la transition énergétique et écologique. Contrairement au label ISR, plus généraliste, le label Greenfin cible exclusivement les activités contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique et exclut certains secteurs tels que le nucléaire, les énergies fossiles ou encore l’armement. Son ambition est claire : certifier les fonds finançant des projets à impact environnemental positif, afin de mobiliser le capital privé au service d’une économie bas carbone.
B) Un cadre exigeant garantissant la qualité des investissements
Attribué à l’issue d’un audit indépendant mené par des organismes agréés comme AFNOR Certification, EY France ou Novethic, le label Greenfin s’appuie sur un ensemble de règles et de critères stricts, destinés à évaluer la contribution réelle des fonds à la transition écologique.
Pour être labellisé, un fonds doit démontrer qu’au moins 75 % de ses actifs sont investis dans des activités vertes éligibles, réparties en huit grands secteurs clés de la transition écologique :
L’énergie, couvrant la production et la distribution d’énergies renouvelables,
Le bâtiment, incluant la rénovation énergétique et la construction à haute performance environnementale,
La gestion des déchets et la lutte contre la pollution, favorisant la réduction, le recyclage et la valorisation des ressources,
L’industrie, œuvrant à l’amélioration de l’efficacité énergétique et à la réduction des émissions polluantes,
Les transports propres, encourageant la mobilité durable et la décarbonation des infrastructures,
Les technologies de l’information et de la communication, participant à la réduction de la consommation énergétique et à une utilisation plus responsable des ressources,
L’agriculture et la forêt, soutenant des pratiques durables de production et de gestion des sols et des écosystèmes forestiers,
L’adaptation au changement climatique, destinée à rendre les territoires et les écosystèmes plus résilients face aux bouleversements environnementaux.
Le processus de labellisation intègre également la gestion des controverses ESG (les incidents ou comportements problématiques liés aux critères environnementaux (E), sociaux (S) ou de gouvernance (G)), la mesure de l’impact environnemental des investissements et la transparence des informations transmises aux investisseurs. Cette méthodologie garantit la crédibilité et la qualité des fonds labellisés, assurant une cohérence entre les engagements annoncés et les résultats observés.
C) La crédibilité du label Greenfin sur le marché
Reconnu comme la référence de la finance verte en France, le label Greenfin bénéficie d’une forte crédibilité auprès des investisseurs institutionnels et des acteurs publics. Son caractère sélectif en fait un signe distinctif de qualité sur le marché.
Cette exigence renforce la confiance des investisseurs en leur garantissant que leurs capitaux sont réellement orientés vers des projets durables et favorise la montée en puissance d’une épargne réellement orientée vers la transition écologique. Le label Greenfin s’impose ainsi comme un outil de référence pour identifier les fonds les plus engagés dans la lutte contre le changement climatique, tout en contribuant à la structuration d’une finance plus responsable et transparente.
III) Le règlement SFDR : un cadre européen pour la transparence
A) Le règlement SFDR, pour mieux distinguer les fonds responsables
Entré en vigueur le 10 mars 2021, le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) constitue une étape majeure dans la structuration de la finance durable en Europe. Son objectif est de renforcer la transparence des acteurs financiers quant à la prise en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs produits d’investissement. Concrètement, ce règlement impose aux sociétés de gestion, assureurs et conseillers financiers de publier des informations claires sur la durabilité de leurs fonds et sur la manière dont ils intègrent les risques liés au développement durable. Le SFDR permet ainsi de mieux distinguer les fonds réellement responsables de ceux qui ne s’inscrivent pas dans une démarche ESG, limitant les risques de greenwashing et favorisant la comparabilité des produits financiers à l’échelle européenne.
B) Les trois catégories de produits financiers
Le règlement SFDR introduit une classification des produits financiers selon leur niveau d’engagement durable, définie à travers trois articles :
Article 6 : regroupe les produits financiers « classiques », qui n’intègrent pas de manière spécifique les critères ESG dans leur politique d’investissement.
Article 8 : concerne les fonds qui promeuvent des caractéristiques environnementales et/ou sociales, sans que la durabilité soit leur objectif principal.
Article 9 : désigne les fonds les plus engagés, dont l’objectif principal est l’investissement durable. Ces produits, souvent qualifiés de fonds à impact, visent à générer un bénéfice mesurable pour la société ou l’environnement, en plus de la performance financière.
Cette classification, désormais bien connue des investisseurs, facilite la compréhension et la comparaison des produits d’investissement durables au sein du marché européen.
C) Un outil de comparaison pour les épargnants
En instaurant un cadre commun de reporting en matière de durabilité, le règlement SFDR permet aux épargnants d’évaluer plus facilement le niveau d’engagement durable des fonds proposés.
Les sociétés de gestion doivent publier des indicateurs de durabilité, des rapports périodiques et une description précise de la manière dont les risques ESG sont intégrés dans la stratégie d’investissement. Cette transparence accrue contribue à renforcer la confiance des investisseurs et à orienter l’épargne vers des produits alignés sur les objectifs européens de finance durable.
En complément des labels ISR et Greenfin, le SFDR joue ainsi un rôle essentiel : il harmonise les pratiques, favorise la lisibilité du marché et encourage la transition vers une économie plus responsable et plus transparente.
L’investissement responsable ne se résume pas à un choix de produits financiers : c’est avant tout une démarche à long terme, guidée par la volonté de concilier performance et impact positif. L’investissement responsable invite chaque épargnant à repenser sa façon d’investir en tenant compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance qui façonneront l’économie de demain. Les labels ISR, Greenfin et le règlement SFDR constituent des repères solides pour identifier les placements responsables. Toutefois, leur intégration dans un portefeuille doit s’inscrire dans une stratégie patrimoniale cohérente, adaptée au profil, aux objectifs et à l’horizon d’investissement de chacun.
Dans cette logique, le rôle du conseiller en gestion de patrimoine devient central pour transformer les principes de la finance durable en décisions d’investissement concrètes. Grâce à son expertise en matière de placements responsables, il guide l’investisseur vers une épargne porteuse de sens, tout en conciliant performance, sécurité et impact positif.
L’investissement responsable, bien qu’orienté vers la création de valeur durable et la prise en compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), comporte des risques. Ces placements peuvent notamment entraîner une perte partielle ou totale du capital investi, présenter une faible liquidité ou des périodes de blocage. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et les objectifs de rendement ou d’impact ne sont pas garantis. Avant toute décision d’investissement, il est essentiel de consulter la documentation réglementaire, notamment le règlement et le DICI ou la notice d’information du véhicule concerné.
